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Les prix des céréales cèdent du terrain

Cette semaine a été marquée par un net retrait des prix du blé et de l'orge.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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La semaine a été marquée par un net retrait des cours du blé et de l’orge. La demande mondiale se montre toujours aussi timorée tandis que l’origine russe continue d’être nettement moins chère que ses concurrentes. Le retour annoncé des pluies au Brésil offre une pause sur le marché du tourteau de soja.

Nette baisse des prix du blé

Le cours du blé français s’est franchement contracté sur la semaine. Le blé rendu Rouen a dévissé de 7 €/t, à 220,5 €/t. La remontée significative de l’euro face au dollar a largement participé à la baisse des prix en euros puisque ce phénomène pénalise la compétitivité des origines européennes. Le recul des prix a également fait suite à la publication cette semaine par FranceAgriMer d’une prévision de stocks élevés pour la campagne en cours. En effet, les exportations ont été nettement réduites en raison d’un manque de compétitivité du blé français sur la scène internationale. Les blés français peinent à s’exporter, tant sur le marché européen qu’en dehors même si de grosses ventes ont été réalisées vers la Chine entre la mi-septembre et la mi-octobre.

D’autre part, la demande mondiale demeure toujours morose puisque le ralentissement économique continue de peser sur les capacités d’emprunt de nombreux pays importateurs. L’Égypte a annoncé avoir besoin d’importer plus de blé que lors de la campagne précédente, mais ce marché échappe à la France au profit des blés de la mer Noire. Les autres origines exportatrices n’ont pas été épargnées par la baisse des prix. Le blé américain HRW a perdu 8 $/t, à 284 $/t, tandis que le SRW a cédé 4 $/t, à 258 $/t. Le blé français Fob Rouen a baissé de 4 $/t cette semaine pour s’afficher à 248 $/t. En revanche, le blé russe Fob Novorossiysk (à 12,5 % de protéines) n’a pas varié, à 227,5 $/t, soit à un niveau assez décoté par rapport au blé français.

L’actualité du blé français reste marquée par les conséquences des excès de pluies dans l’Hexagone qui ralentissent considérablement les emblavements des céréales à paille. Au 13 novembre 2023, 71 % des intentions de semis ont été réalisées, contre 96 % l’an dernier à la même date. Nous prévoyons un recul de 5 % de la surface de blé par rapport à l’an passé, mais cette baisse pourrait être encore plus marquée si les conditions climatiques ne s’améliorent pas significativement et rapidement.

Les cours de l’orge déclinent

Cette semaine, l’orge fourragère française a cédé du terrain, en euros comme en dollars. Le prix rendu Rouen a chuté à 196,50 €/t (–7 €/t), alors qu’en dollars il s’affiche à 222,80 $/t Fob (–4,5 $/t). Les orges françaises font face à la pression des prix bas des origines russe et ukrainienne. Elles doivent aussi se repositionner face aux orges allemandes dont les prix ont bien baissé ces dernières semaines. En effet, le prix des orges allemandes avait besoin de diminuer à la suite d’un début de campagne d’exportations vers les pays tiers extrêmement calme.

Par ailleurs, l’avancée de la récolte de maïs, ainsi que la révision en hausse de la production de maïs aux États-Unis par l’USDA (ministère américain de l’Agriculture), pèsent aussi sur les céréales françaises. À cela s’ajoute une demande mondiale d’orge faible qui amène les prix français à leur plus bas niveau depuis plus d’un an. En témoignent les exportations russes, qui se maintiennent dans un rythme lent en novembre, et ce, malgré leur très bonne compétitivité avec 172,50 $/t Fob Novorossiysk. En outre, la baisse des prix exprimés en euros est accentuée par la récente remontée de l’euro face au dollar.

Quelques facteurs haussiers sont néanmoins venus temporiser la baisse. Ainsi, les exportations françaises vers la Chine restent dynamiques en cette mi-novembre, ce qui est inhabituel à cette période de l’année. Enfin, la lenteur des semis d’orge d’hiver pour la campagne de 2024-2025 en France suscite des préoccupations. En effet, les semis ont été freinés par les pluies constantes des dernières semaines dans l’Hexagone. Ils ont parfois été suspendus et n’atteignaient que 84 % des intentions de semis au 13 novembre, avec un progrès minimal de 3 % en une semaine. Cette baisse de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale suscite des inquiétudes et fait craindre des pertes de rendement et de surface.

Dans le secteur brassicole, l’orge d’hiver Fob Creil recule de 6 €/t en une semaine, à 217 €/t, son niveau le plus bas depuis août 2021. En revanche, l’orge brassicole de printemps Fob Creil est quasi stable, à 299 €/t. La prime de printemps reste toujours très élevée, mais pourrait être sous pression avec l’arrivée des récoltes argentine et australienne.

Prix du colza en légère hausse

Cette semaine, les cours du colza sur Euronext ont légèrement augmenté (entre 3 et 6 €/t selon les échéances) et s’établissent ainsi à 438,5 €/t sur février 2024, et à 444,5 €/t sur mai 2024. Au début de cette semaine, les prix ont notamment progressé dans le sillage du soja. Le phénomène El Niño perdure, apportant un temps chaud et sec, défavorable aux semis au Brésil. Par ailleurs, les cours du colza ont augmenté en conséquence du rebond de ceux de l’huile de palme. Le marché craint notamment une diminution saisonnière de la production malaisienne, plus marquée qu’habituellement, là encore en lien avec les conditions climatiques chaudes et sèches induites par El Niño en Asie du Sud-Est.

Toutefois, la hausse des prix du colza a été modérée par des disponibilités en graine et en huile toujours bien présentes en Europe, mais également par le recul du prix du pétrole. Ce dernier a de nouveau diminué de plus de 5 % cette semaine. Malgré une augmentation de la demande attendue à la fin de 2023 et en 2024 par l’Opep et l’AIE (Agence internationale de l’énergie), les incertitudes concernant l’économie en Chine et aux États-Unis sont toujours bien présentes. La hausse des stocks de pétrole aux États-Unis cette semaine a aussi accentué ces craintes et a pesé sur les prix. À la fin de la semaine, les prix du colza ont également diminué sous la pression de ceux du soja, en raison de précipitations attendues au Brésil qui devraient améliorer les conditions des semis.

La hausse des cours des tourteaux de soja ralentit avec l’annonce de pluies au Brésil

L’évolution des prix du tourteau de soja s’est faite en deux étapes cette semaine. Les cours ont progressé entre la clôture de vendredi dernier et celle de mercredi soir, avec une hausse de 18 €/t à Montoir-de-Bretagne, avant de perdre 13 €/t jeudi. En effet, les incertitudes climatiques en Amérique du Sud et les achats dynamiques de la Chine de soja américain ont continué de soutenir les prix mondiaux du tourteau de soja sur la première moitié de la semaine. Au Brésil, le temps est resté sec et les températures s’affichaient bien au-dessus de la normale, notamment dans le nord et le centre du pays. Ces conditions ont été peu favorables aux implantations des semis, qui par ailleurs accusent un sérieux retard. Au 11 novembre 2023, 57,6 % des surfaces ont été semées, contre 66 % l’an dernier à la même période (selon la Conab). Ces craintes climatiques chez le plus grand producteur mondial de soja étaient de nature à soutenir les cours mondiaux. Elles ont aussi incité les acheteurs chinois à reporter leur demande sur l’origine américaine, et ce d’autant plus que les disponibilités de tourteaux argentins restent très limitées sur la scène internationale (rétention des agriculteurs et chute de la récolte en 2022-2023).

En revanche, jeudi, les prix mondiaux ont été entraînés vers le bas avec l’annonce de bonnes perspectives de pluies dans les principaux bassins de production au Brésil et en Argentine. Ces précipitations permettraient de soulager le stress hydrique des plantes.

À suivre : semis de blés en France, conditions des orges et colzas en Europe et mer Noire, avancée des récoltes en Australie et en Argentine (céréales, colza), conditions en Amérique du Sud pour le soja et le maïs, situation géopolitique en mer Noire, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale, parité euro/dollar.

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